Localismarket est une place de marché pour l’achat, vente de produit sur internet. C’est une place de marché comme ebay ou priceminister. Mais le gros avantage c’est qu’il n’y a pas de commission. Découvrons qu’est ce que Localismarket et quel est son business model.
- Pouvez-vous vous présenter votre équipe et présenter Localismarket ?
Christophe Fournier : Nous sommes deux amis co-fondateurs : Christophe Fournier (27 ans) et Sylvain Gréal (26 ans). Après nos études d’ingénieurs dans la même école, nous avons exercé nos métiers dans des sociétés de services informatiques. Mais nous aspirions à plus de fun et d’aventures, alors rapidement, je suis parti 2 ans et demi en Nouvelle-Calédonie sur un gros projet de construction et Sylvain est parti travailler au Canada (Québec). A mon retour, j’ai créé Orion network, et j’ai commencé à travailler sur le projet Localismarket. Cet été, j’ai proposé à Sylvain de me rejoindre dans l’aventure. Il a été séduit par le projet, et a accepté sans hésitation.
Alors concrètement Localismarket c’est quoi ? C’est simple, Localismarket est une place de marché (même fonctionnement d’achat/vente que Ebay ou Priceminister par exemple). Localismarket sert d’intermédiaire entre les acheteurs et les commerces de proximités de l’hexagone.
Mais quatre choses essentielles nous différencient de toutes ces plateformes :
Localismarket est gratuit. Nous ne prenons pas de commissions sur les ventes. C’est-à-dire que si vous vendez un produit à 100 euros sur Localismarket, le vendeur percevra la totalité de cette somme. Aujourd’hui sur la totalité des grandes places de marché comme ebay, priceminister, alittlemarket, etsy,… la commission avoisine parfois 10-15% !
Localismarket est nativement tournée vers la proximité, d’ailleurs la carte de France peut faire penser au site Leboncoin, mais nous pensons que c’est le plus simple et le plus rapide pour entrer dans un portail géo-localisé. Personne n’a trouvé mieux pour l’instant. Par contre, pour la version mobile de Localismarket (qui sortira au premier trimestre 2013), nous ferons de l’hyper-local, avec une géolocalisation au niveau de la ville avec un rayon de kms.
Localismarket est destiné aux commerces de proximités car les français aiment leurs petits commerces, qui sont par ailleurs les grands oubliés d’internet. En bref, tout le monde peut acheter sur Localismarket, mais pour vendre il faut être un professionnel et posséder un numéro de SIRET. Ça a un autre avantage…c’est qu’acheter sur notre plateforme sera gage d’un service de qualité.
Localismarket propose en plus de la livraison, la possibilité d’acheter en ligne (ou juste de comparer les prix) et d’aller chercher son produit directement dans le magasin près de chez soi.
- Pourquoi ce choix du local commerce ?
Sylvain Gréal : Nous sommes convaincus que nous vivons en ce moment la fin d’un cycle. Depuis les années 80 nous vivons au rythme de la mondialisation. Les multiples crises auxquelles nous devons faire face depuis quelques années annoncent le début d’un nouveau monde. Tout concorde aujourd’hui pour l’avènement du local…la fin de la mondialisation, les demandes des consommateurs, les technologies mobiles, le renforcement du prix de l’énergie, la mobilité va devenir un luxe, et nous serons contraints dans un avenir proche à la reterritorialisation de notre économie. Nous sommes convaincus que la proximité, le local, sont des valeurs d’avenir.
- Quelle est votre vision du e-commerce en France et en Europe ?
C.F : On entend beaucoup parler depuis quelques années de cross-canal, web-to-store, commerce connecté,…Nous sommes persuadé que le e-commerce va connaître un tournant en 2013 et à fortiori dans les cinq prochaines années. Le e-commerce comme on le connaît (les pures-players) depuis une quinzaine d’années va s’éteindre. Le virtuel et le réel vont fusionner. Les boutiques physiques qui n’avaient pu suivre l’envolé phénoménale du e-commerce, vont devenir connectées à leurs tours. C’est la logique des choses. C’est une chance inouïe pour les petits commerces de proximités de prendre leurs revanches sur les grandes enseignes physiques ou virtuelles. Les consommateurs sont demandeurs de nouvelles façons d’acheter. Consommer mieux, consommer responsable, le contact humain, un service après-vente de qualité, sont des demandes des consommateurs de plus en plus présentes. Localismarket souhaite accompagner les acheteurs et les vendeurs vers cette nouvelle donne.
- Comment vous est venue cette idée ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer ?
C.F : L’idée est clairement née de mon expérience en Nouvelle-Calédonie. Vivre sur une île, m’a fait comprendre l’importance du local. Et mon travail dans les ressources naturelles m’a permis de comprendre les enjeux des pénuries. Sensible à ces thèmes, j’ai lu quelques livres sur le peak oil et la transition énergétique. Deux livres m’ont particulièrement marqués : La troisième révolution industrielle de l’économiste américain Jeremy Rifkin et la nouvelle économie des territoires de Jean Ollivro, un géographe breton. Tout doucement, l’idée a fait son chemin, pour déboucher sur le projet que vous connaissez aujourd’hui. Le développement durable, l’économie solidaire, une société coopérative et moins hiérarchique sont également des moteurs puissants pour mener à bien ce projet. La fameuse génération Y voit le monde autrement et nous avons pensé qu’au lieu d’être de simples spectateurs d’un monde en transition, il était important pour nous de devenir acteurs. Ce n’est pas grand-chose, mais ce qu’on fait aujourd’hui correspond mieux à nos idéaux finalement.
- Quel est votre business model ? Quelles sont vos cibles clients ?
S.G : A la manière du site leboncoin nous avons adopté un modèle Freemium. Le système freemium consiste à faire une offre de services basiques puis de proposer des fonctionnalités avancées payantes. Ainsi nous ne prélevons pas de commission et l’inscription au site est totalement gratuite pour tout le monde et pour toujours. Le vendeur paye uniquement les frais de transactions bancaires, mais qui restent minimes et parfois même inférieurs à ceux que l’on trouve en magasin.
C.F : L’idée était d’innover dans la monétisation des places de marché sur internet en passant d’une commission obligatoire, payée uniquement par les vendeurs, à plusieurs sources de revenus facultatives payées à la fois par les vendeurs et les acheteurs.
Nous avons décidé de mettre en place un programme de fidélité local pour les acheteurs. Il s’agit d’un système d’ajustement des prix indexé sur le degré de proximité entre l’acheteur et le vendeur. Ce mécanisme d’ajustement des prix a pour nom « Ajustement éco-localis ». («éco » pour écologie/économie). Dans les faits, les prix des produits seront ajustés de quelques centimes d’euros selon le degré de proximité entre l’acheteur et le vendeur (quelques centimes d’euros par 100 kms). Si vous achetez dans votre région, ou dans un rayon de moins de 100 kms, il n’y aura pas d’ajustement des prix. L’objectif est de renforcer le concept « consommer local » et de segmenter le marché pour éviter l’effet de masse qu’induit le média internet. Et finalement acheter sur Localismarket deviendra un jeu car acheter un produit près de chez soi coûtera moins cher. Nous mettrons en place l’ajustement éco-localis au premier trimestre 2013.
Sinon, nous allons proposer rapidement aux vendeurs des services payants pour accroître leurs visibilités et leurs ventes sur la plateforme.
- Pouvez-vous nous donner quelques chiffres (Statistiques, nombre de ventes, progression…) sur Localismarket ?
S.G : Pas vraiment ! La plateforme vient tout juste d’être lancée. Mais nous pouvons déjà vous dire que nous sommes en discussion avec plusieurs unions commerciales de grandes villes qui représentent environ 2000 commerçants. Dans les prochains mois, nous espérons pouvoir officialiser quelques partenariats.
- Pouvez-vous nous raconter une journée type chez Localismarket ?
S.G : Ce qui est génial dans la création d’une startup c’est justement qu’aucune journée ne se ressemble. Nous contribuons tous les deux à notre manière à l’avancement du projet. Ce projet représente de nombreuses heures de travail, avec beaucoup de concessions. Dans les prochaines semaines il va falloir qu’on trouve un rythme plus équilibré car désormais notre structure est plus solide et il faut durer dans le temps. Nous faisons très attention à être toujours frais mentalement. Ne pas être toujours la tête dans le guidon est important. Il faut savoir prendre un peu de recul pour prendre de bonnes décisions.
- Sur quelle plateforme a été conçue Localismarket ?
C.F : Localismarket est un développement maison en PHP dans un environnement LAPP (Linux, Apache, Php, PostgreSQL). Nous sommes partis d’une page blanche et nous ne voulions surtout pas nous appuyer sur une plateforme telle que Magento, Prestashop,…Dès le début de la conception, nous avons mis un point d’honneur à rester simple. La surenchère des fonctionnalités ce n’est pas notre truc. KIS = Keep it Simple (Garder ça simple) a été notre ligne de conduite pour tout le projet. Bien entendu, Localismarket va s’améliorer, de nouvelles fonctionnalités vont voir le jour mais il ne faut pas oublier qu’on s’adresse au très grand public. Ebay, priceminister sont des usines à gaz qui font fuir les personnes les moins aguerris. Moi le premier. Ce qui a fait le succès de google, et du site leboncoin…c’est leur simplicité, voir leur minimalisme ! Les commerçants ont déjà beaucoup de travail au quotidien, c’est à nous de nous adapter…pas à eux.
- Quels sont vos concurrents et en quoi vous différenciez vous ?
C.F : On n’a pas vraiment de concurrent pour l’instant. Il y’a beaucoup d’initiatives dans le commerce connecté, mais surtout dans le mobile avec les coupons de promotions. Une marketplace c’est plus ambitieux et plus compliqué à développer, alors la concurrence est plus limitée. Aujourd’hui, il y’a le groupe Pages Jaunes avec Mappy qui a un projet de Web-to-Store, mais ils n’ont pour l’instant pas officiellement pour ambition de devenir une marketplace. Il y a également Groupon, qui aurait tout intérêt à investir le marché…mais nous ne savons pas ce qu’ils préparent. Sinon Leboncoin, aurait pu lancer un projet comme le nôtre. Quand on y pense, c’était dans leur ADN d’ouvrir une marketplace de proximité pour les produits neufs. Mais ils ont surement voulu focuser sur ce qui marchait. Ce que je comprends. Et j’avoue que je suis admiratif de ce site ! Cette simplicité, cette faculté à être proche des gens, humain…et ne pas être tombé dans le piège de concevoir un site trop sophistiqué, ou trop IN, well done ! Le ministre du redressement productif, Montebourg devrait penser à nationaliser Leboncoin, car c’est un vrai service public ! Finalement, on est visiblement les premiers à investir le concept de la marketplace web-to-store, et c’est tant mieux. Mais on garde quand même un œil sur la concurrence…
- Quelle est votre stratégie de marketing/communication ?
S.G. : Communiquer auprès de plus de 400 000 commerçants de détails que dénombre la France est un challenge difficile. Nous comptons aujourd’hui sur les associations et unions commerçantes pour nous aider. Elles peuvent en effet jouer un rôle crucial dans la communication faites aux commerçants. Ensuite nous avons prévu de transmettre aux commerçants inscrits un sticker à apposer sur leur vitrine signalant à leurs clients leur présence sur le réseau Localismarket. C’est une stratégie gagnant-gagnant, les clients seront informés de la présence du commerçant en ligne mais également de notre existence. Ce qui peut faire progresser les ventes. L’avantage c’est que même lorsque la boutique est fermée le client qui passe devant la vitrine est prévenu qu’il peut toujours retrouver les produits du commerçant en ligne.
C.F : L’emplacement géographique est un facteur important pour notre offre de contenu. Il nous faut construire des masses critiques de façon locale. Il va falloir que chaque zone géographique (régions) propose un éventail de biens couvrant au moins les produits les plus recherchés. C’est la raison pour laquelle, la stratégie marketing doit forcément être connectée à la notion de territoire. Nous espérons que chaque commerçant qui rejoindra Localismarket, deviendra notre porte-parole auprès des autres commerçants et surtout auprès des clients. Localismarket est fait pour eux, avec eux !
- Comment intégrez-vous les réseaux sociaux dans votre stratégie, quels rôles jouent-ils ?
S.G : Nous prenons très au sérieux le pouvoir qu’exerce le marketing participatif sur la construction de notre notoriété. Localismarket c’est cool, gratuit et coopératif, alors on joue la transparence et la proximité. On a une page Facebook et un compte Twitter que l’on animera davantage à partir de Janvier 2013. Vous pouvez d’ores et déjà nous suivre.
- Quels sont vos besoins actuellement (recrutement, communication, financier, …) ?
C.F : On recrute un développeur web pour Janvier. Côté financier, on est en discussion avec des investisseurs locaux. Je ne peux pas vous en dire davantage jusqu’à ce que ça soit officiel. On fera un communiqué de presse le moment opportun. Mais, ça faisait plusieurs mois que nous recherchions à effectuer une levée de fonds pour accompagner notre lancement. Finalement pour 2013 on a toutes les cartes en mains pour travailler sereinement.
- Selon vous, quelles sont les clés du succès ?
S.G : La persévérance et notre capacité à nouer des partenariats avec des unions commerciales sont des facteurs clés du succès. L’innovation est également un facteur important ! On a pleins d’idées. Et vous savez le succès ne s’explique pas toujours…c’est une alchimie complexe.
- Quels sont vos objectifs pour cette année ? Et pour dans 3 ans ?
S.G : Dans les prochains mois, nous souhaitons capter un maximum de petits commerçants afin de construire une offre de contenu et établir une politique active de partenariat avec des sociétés, associations ou institutions souhaitant s’investir dans la promotion de l’économie de proximité. Nous visons 15 000 boutiques en ligne à la fin de l’année (sur toute la France). Dans 3 ans ? Dans notre business plan on a bien des objectifs chiffrés, mais pour une startup dans le web, 3 ans c’est une éternité. On se donne rendez-vous dans 6 mois pour faire un premier bilan !
- Une petite phrase “historique” pour la fin ?
C.F : L’avenir est au local !
Excellente idée
Merci Tim pour votre soutien 🙂