Sur quoi s’appuie leur réussite ? Pourquoi participer à ces plateformes ? Favorisent-elles vraiment la création ou l’innovation ?
Le Modèle basé sur la contrepartie (Kickstarter, Ulule ou kisskissbankbank)
Les fondamentaux :
- Les internautes participent ou contribuent (par exemple au financement d’un film) pour un montant égal ou supérieur à une contrepartie choisie. Le porteur de projet conserve l’intégralité des droits. Les récompenses, en retour sont non financières. Elles peuvent être symbolique, concrètes ou numériques, mais le plus souvent d’un coût plus faible que le montant de la contribution, afin de s’assurer qu’il est assez d’argent pour le projet.
- Les collectes durent un temps limité pendant lequel les participations se cumulent dans le but d’atteindre ou de dépasser l’objectif minimal déterminé par l’auteur ou le producteur du projet.
- Tant que l’objectif n’est pas atteint les contributions des participants sont enregistrées et mises en attente, sans débit bancaire réel. Les plateformes récupèrent une commission sur le montant total collecté ( 5 à 8 %) le plus souvent
Quels sont les avantages pour les porteurs de projet ?
Il est facile de comprendre l’intérêt qu’ont les porteurs de projet à présenter leurs projets sur ce type de plateforme. Il réalise non seulement leur œuvre ou leur projet, qui sont souvent des idées qu’ils portent depuis très longtemps, tout en conservant l’intégralité des droits d’auteur et d’exploitation. Mais s’il n’est pas question d’investissement ou de coproduction, mais d’une autre forme de relation, quel est l’intérêt pour les internautes.
Quels sont les avantages pour les contributeurs ? Quel type de relations existent entre les internautes et les porteurs de projets
Des retours non financiers mais ludiques et fun
La satisfaction personnelle d’avoir contribué et participé à la réalisation d’un projet joue un grand rôle, mais ne peut être suffisante pour faire de ce modèle innovant. Pouvoir en retour bénéficier d’un retour concret et tangible est aussi très important, pour que la relation puisse s’inscrire véritablement dans cette stratégie gagnant – gagnant.
Quelles peuvent être donc ces contreparties ?
Ils suffisent de visiter les fiches projets, pour voir que cela peut être très varié. Elles sont définies par le porteur du projet au moment de la présentation de son projet et varient selon le montant de la contribution. Evidemment, plus la contribution est importante, plus la contribution est intéressante. Pour les plus petits montants, elles sont souvent numériques et peu couteuses, pour pouvoir s’accorder une marge conséquente évidemment.
La coproduction avec un retour financier possible mais loin d’être assuré
Mymajorcompany : le premier label participatif
Dans un autre genre, MyMajorCompany (MMC) s’inscrirait, lui, dans une logique de production plus classique, mettant en avant le nombre de hits fédérateurs qu’elle peut générer et faisant financer le risque par les internautes.
Les internautes forment, en mutualisant leur participation (à hauteur de quelques dizaines d’euros le plus souvent), des groupes d’investisseurs qui vont avoir un rôle déterminant dans la sortie du disque : sans leur argent, pas de production. Evidemment, leur rôle dans la production artistique est limité. Mais l’important n’est pas là, les sites de financement participatif donnent pour la première fois un rôle aux passionnés, aux amateurs. En investissant, ils sont intéressés sur la réussite du projet, ils s’impliquent et souhaitent donc voir le projet réussir. Ils peuvent suivre l’évolution du projet et évidemment participer à la promotion du disque ou du film. L’intérêt pour Mymajorcompany est autant financier qu’en termes de communication et de publicité. Ils s’appuient sur ce petit groupe motivé pour partager autour d’eux, pour créer des communautés de fans. Le sentiment d’appropriation des internautes – né de l’investissement – permet une campagne virale efficace.
Le succès de Grégoire cache la fragilité d’un modèle
Évidemment, au début, Mymajorcompany faisait rêver tout le monde, les perspectives pouvaient être énormes pour les internautes, d’autant que le premier artiste lancé, Grégoire, a connu un succès tonitruant.
Mais tous ne sont pas capables, comme Grégoire, de toucher un large public. Lorsque l’objectif est de faire des profits en vendant des disques, on se rend vite compte que permettre à des particuliers de financer leurs artistes préférés n’empêche pas le formatage et ne favorise pas la prise de risque. .
Financement en fonds propre (Equity based)
Le « Love Money » a toujours existé : les créateurs font tous appel à un moment ou un autre à leur cercle de proximité pour débuter et lancer leurs entreprises. Leurs proches sont les premiers à leur faire confiance, à s’intéresser à leurs travaux. La présentation de leur projet sur une plateforme de financement participatif permet d’agrandir ce cercle, de donner à voir, et ensuite, dans un second temps, de démultiplier l’initiative individuelle. L’internaute “investisseur” acquiert une participation dans le projet et à le droit en échange à des contreparties financières en cas de succès commercial du projet. C’est le modèle de différentes plateformes qui permettent de prendre une participation direct au capital des entreprises. Au niveau mondial, les sommes collectées représentaient 472 millions de dollars en 2012, là aussi en forte progression (+ 317% vs. 2011). C’est sur ce modèle que se mènent actuellement beaucoup de réflexions, dans le prolongement du JOBS Act aux Etats-Unis, et aujourd’hui en France au ministère de Fleur Pellerin.
Article invité par Nicolas Dehorter ; Spécialiste des nouvelles solutions de financement et de partage de la création.
Auteur du guide du crowdfunding achat possible sur la page dédiée et disponible également sur le site de Colligence