Résumé du 1er volet : Dans le 1er volet de cette réflexion sur les processus participatifs, nous avons montré comment la plus grande implication par les politiques des électeurs et l’innovation participative étaient intimement liées au web 2.0, la plus grande innovation d’usage de ces dernières années. Dans ce volet, nous abordons une histoire de ces processus pour mettre en évidence qu’ils sont tous sous-tendus par une même aspiration : l’individualisme humaniste.
Depuis la Renaissance d’abord, puis les Lumières, s’amorce une mutation socio-culturelle profonde et lente qui donnera lieu, au 18ème siècle, à la Révolution Française, victoire de l’individualisme bourgeois sur le monarchisme féodal.
Cette lame de fond qui place l’individu au cœur de la société finit par trouver son accomplissement au 20ème siècle pour donner naissance à une forme d’individualisme particulier : l’individualisme humaniste, moteur de tous les processus participatifs.
2ème volet | Petit retour théorique et historique des processus participatifs
Les années 60 et la démocratie participative
D’une certaine manière les événements de mai 68 héritent de cette aspiration à accorder à l’individu une place plus grande dans le processus de prise de décision national. Il n’y a rien d’anecdotique là mais bien une tendance de fond qui verra son achèvement dans les années 2000.
L’éthnométhodologie : un monstre en développement
Parallèlement à ces revendications populaires, les laboratoires de recherche, en particulier américains, sont également bouleversés à cette même époque, par une petite révolution : la naissance de l’ethnométhodologie.
Ce que propose Garfunkel, le fondateur de cette forme de sociologie, c’est de s’écarter de l’analyse formelle (structuraliste) telle qu’elle se pratique à l’époque pour adopter un nouveau point de vue. Concrètement, et pour faire simple, le principe est d’abandonner le regard omniscient du chercheur qui subsume les données pour repartir des données elles-mêmes en tentant de décrypter les méthodes utilisées par les participants de l’interaction. En d’autres termes, l’analyse top-down est abandonnée au profit d’une démarche bottom-up. Ce tournant méthodologique est fondamental et préfigure une future révolution : celle de l’innovation participative.
Les années 80 : l’open innovation dans les entreprises
L’idée : répondre à la mondialisation du marché et à un besoin croissant d’innovations mais aussi développer une nouvelle méthode de management qui vise à impliquer tous les services dans le processus d’innovation, favorisant ainsi la communication interhiérarchique. En résumé, le principe de l’open innovation est simple : sortir du cadre étriqué des laboratoires de R&D pour aller chercher les idées où elles se trouvent et accélérer ainsi l’innovation.
Passive au départ, l’open innovation a finalement été encadrée, dans les années 90, pour optimiser ses performances.
Ce fut un succès. Car après La Poste, la SNCF, Orange, tous s’y sont mis (même Pôle Emploi, c’est dire…). L’une des entreprise qui communique le mieux sur cette méthode reste Décathlon avec Oxylane : non seulement l’innovation est participative au sein de l’entreprise mais même les consommateurs y sont impliqués.
Les années 2000 : web 2.0…
Il est inutile de s’attarder sur ce qui est aujourd’hui bien connu. Il est cependant important de relever que la principale innovation ascendante (c’est-à-dire participative) des années 2000 est une innovation d’usage : le web 2.0. Car ce web social et participatif ne s’appuie pas sur une évolution technologique d’internet, mais bien sur la manière dont les usagers du service se l’approprient et le transforment. Cette révolution marque définitivement le retour sur le devant de la scène de l’individu en tant qu’acteur à part entière de l’environnement dans lequel il évolue.
En outre, c’est cette innovation qui a permis la naissance de nombreux modes de consommation collaborative : en facilitant la mise en relation de différents individus ayant des aspirations communes, le web 2.0 autorise les consommateurs à mettre en place des stratégies alternatives de consommation qui, pour certaines, sont sous-tendues par une véritable idéologie de remise en question des modèles existants, imposés par les grandes entreprises.
…et personnalisation
Et cela n’a pas échappé aux marketeurs qui, à cette époque, ont commencé à faire sortir les marques de la production de masse qui était jusqu’alors la norme pour en venir à la personnalisation des produits. Ici encore, le consommateur reprend une place centrale : il est bel et bien fini le temps où les consommateurs, tels des moutons écervelés, devaient accepter tels quels les produits délivrés par les entreprises et conçus dans des bureaux d’études détachés de la réalité.
Et la tendance ne risque pas de s’inverser puisqu’avec les imprimantes 3D, il sera bientôt possible de créer, chez soi, un produit entièrement unique et bon marché !
Ainsi, si, au départ, l’individualisme a pour principal but (cf la Révolution Française) non pas de changer la société, mais d’apporter à chacun les bénéfices accordés jusqu’alors à des privilégiés, au 20ème siècle, avec l’avènement de l’open innovation et des aspirations à la démocratie participative, on commence à entrevoir que l’individualisme se transforme pour devenir un levier du bien commun et des mutations non seulement socio-culturelles, mais aussi économiques. Car les entreprises ont aujourd’hui tout intérêt à s’appuyer sur cette transformation pour développer leur business… comme nous le verrons dans le 3ème et dernier volet de cette réflexion sur les processus participatifs.
Nov’in fait parti de notre programme de chroniqueur expert dans leur domaine.
En exclusivité, Nov’in vous propose de partager leur expertise, des bonnes pratiques ou alors de commenter l’actualité. N’hésitez pas à vous abonnez à notre newsletter pour être tenu au courant de leur prochain article ou de nos réseaux sociaux.
Si vous aussi vous souhaitez rejoindre notre équipe de chroniqueur expert contactez nous !